« Je veux être drôle, tout simplement » Tania Dutel, étoile montante du stand-up français, est de passage à L’Orange Bleue* à Eaubonne, le 30 novembre. Rencontre avec une jeune femme simple et sincère, qui ne cherche pas à se prendre au sérieux.
À la fois chroniqueuse sur France Inter et stand-uppeuse, comment vous adaptez-vous, à la radio et sur scène ?
Tania Dutel : ce n’est pas la même façon d’écrire. Pour la radio, j’écris dans les deux jours qui précèdent, parfois moins, en fonction des changements qui surviennent à la dernière minute. Sur France Inter, le thème est imposé et varie selon les invités sur le plateau : du coup, je ne peux pas tester mes textes avant pour savoir s’ils sont drôles ou pas, contrairement à la scène. Quand je suis en tournée sur un spectacle, pendant deux ans voire plus, je suis en mesure de tester l’humour de mes textes, et de les adapter. Le temps n’est pas le même et le rapport au public non plus.
Quels sont vos sujets de prédilection et pourquoi ?
Je n’aime pas qu’on me colle une étiquette qui ferait de moi une humoriste engagée sur tel ou tel combat. Je parle beaucoup de sexualité car c’est encore un sujet qui dérange, et indirectement de féminisme : en parlant de sexualité, on touche forcément aux questions de féminisme. Le plus souvent,
je m’inspire des anecdotes de ma vie, de celles qui sortent du quotidien, de l’ordre de l’exceptionnel, comme par exemple le sketch sur les catacombes. J’évite d’aborder l’actualité, source d’angoisse pour moi. Ce sont toujours des sujets délicats à traiter, repris par la majorité des humoristes qui donnent tous les mêmes idées. Sur le plan politique, je suis naturellement plus orientée à gauche. C’est d’ailleurs pour cette raison que France Inter est une des seules radios pour lesquelles je pourrais travailler.
Vous êtes actuellement en tournée dans toute la France et récemment en Asie, pourquoi avoir choisi de vous arrêter à Eaubonne ?
Je vais partout où l’on me propose d’aller, je ne me pose pas la question, et c’est très bien comme ça ! Je ne me vois pas comme quelqu’un de connu, je vis de façon normale, je prends le métro, je fais mes courses au supermarché… Parfois, c’est vrai, on me montre du doigt dans la rue, mais je reste moi-même. J’aime le contact avec le public, quel qu’il soit. Je n’oublie pas d’où je viens : je me souviens encore de mes débuts sur scène, à 7 ans, dans la troupe de théâtre amateur de mon village. C’est là que tout a commencé sans oublier le déclic que j’ai ressenti en assistant au spectacle de Mustafa El Atrassi au théâtre Le Temple, en 2008, il y a quinze ans. Je me suis reconnue : Seule sur scène en étant drôle tout simplement.